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Crédit photo : David.Monniaux
Le VBL (Véhicule Blindé Léger) et sa version allongée le VB2L constituent l'épine dorsale des missions de reconnaissance de l'armée de Terre française. Ces véhicules blindés à roues 4x4, conçus par Panhard (devenue Arquus en 2018), ont participé à l'ensemble des opérations extérieures françaises depuis 1990, du Liban au Mali en passant par l'Afghanistan et la Bosnie. Ils font partis des véhicules terrestres de l’Armée française (Armée de Terre) depuis plus de trois décennies.
En 1978, l'état-major de l'armée de Terre lança un appel à projets visant à concevoir un véhicule blindé léger de moins de 3,5 tonnes pour assurer des missions de reconnaissance et de lutte antichar. Cinq sociétés répondirent à cet appel d'offres majeur, dont Panhard, Renault et Lohr. Après des tests rigoureux effectués entre 1983 et 1984, le prototype de Panhard remporta la compétition le 15 février 1985.
La conception du VBL obéit à une règle simple mais efficace : la règle de trois. Ce principe structurant définit un véhicule de 3 tonnes, 3 mètres de long, pour 3 hommes d'équipage, avec un espace divisé en 3 parties, 3 portières et 3 volets sur le toit. Cette architecture a permis d'optimiser la mobilité tout en garantissant une protection adaptée aux menaces du champ de bataille moderne.
Quinze VBL de présérie furent livrés entre juin et octobre 1988 pour effectuer des essais complémentaires dans des environnements variés. L'entrée en service officielle intervint en 1990, marquant le début d'une carrière opérationnelle exceptionnelle qui se poursuit aujourd'hui avec plus de 1 446 véhicules en service dans l'armée française.

Crédit photo : Supercopter - VBL du 1er Régiment de Hussards Parachutistes en Afghanistan.
Le VBL standard mesure 3,92 mètres de long, 2,02 mètres de large et 1,70 mètre de haut (2,14 m avec arme en place). Avec un poids à vide de 3,256 kg et un poids en ordre de combat de 4,002 kg, il conserve une excellente mobilité tactique sur tous types de terrains. La version VB2L (Véhicule Blindé Léger Long) se distingue par une longueur portée à 4,095 mètres, offrant un volume utile accru dans le compartiment arrière.
La motorisation d'origine repose sur un moteur Peugeot XD3T diesel turbo compressé de 95 chevaux DIN, couplé à une boîte de vitesses automatique ZF et à une boîte de transfert route/terrain avec blocage différentiel. Cette configuration permet d'atteindre une vitesse maximale de 90 à 95 km/h sur route et une autonomie remarquable de 1 000 kilomètres avec les trois jerricans de 20 litres embarqués.
L'une des particularités du VBL réside dans sa capacité amphibie. Équipé d'une hélice propulsive à l'arrière du véhicule, il peut franchir des cours d'eau avec une vitesse de 4,5 à 7 km/h dans l'eau. Sur terrain sec, ses performances sont tout aussi impressionnantes avec une capacité de franchissement en pente de 50%, en dévers de 30% et en gué sans préparation jusqu'à 0,90 mètre.

Crédit photo : Jastrow - Hélice d'un VBL (Véhicule blindé léger) du 1er RIMa
Les pneumatiques Michelin XZL avec dispositif de roulage à plat garantissent une mobilité maintenue même en cas de crevaison, un atout majeur lors des opérations en zone hostile. Le véhicule est également aérotransportable et peut être hélitreuillé, offrant une flexibilité de déploiement exceptionnelle pour les forces d'intervention rapide.
La caisse autoporteuse du VBL est réalisée en acier à très haute densité (THD) d'une épaisseur variant de 5 à 11 mm, offrant une protection efficace contre les projectiles de calibre 7,62 mm tirés à 100 mètres, les mines antipersonnel et les éclats du champ de bataille. Les vitrages balistiques multi-feuillets offrent le même niveau de protection que le blindage.
Le système de protection NBC (Nucléaire, Bactériologique, Chimique) comprend un système de filtration avec surpressurisation de l'habitacle, permettant aux équipages d'évoluer en environnement contaminé. Des kits de surprotection latérale contre les engins explosifs improvisés (EEI) ont été développés suite aux retours d'expérience des opérations au Mali et en Afghanistan.
| Version | Armement Principal | Mission Type | Portée Efficace |
|---|---|---|---|
| VBL RECO 7,62 mm | Mitrailleuse 7,62 mm | Reconnaissance, éclairage | 800 m |
| VBL RECO 12,7 mm | Mitrailleuse 12,7 mm | Reconnaissance, appui | 2 000 m |
| VBL Milan | Lance-missiles Milan (6 missiles) | Combat antichar moyenne portée | 1 900 m |
| VBL Eryx | Lance-missiles Eryx (4 missiles) | Combat antichar courte portée | 600 m |
| VBL AT4CS | Lance-roquettes AT4CS (5 munitions) | Combat antichar très courte portée | 250 m |
| VBL TOW | Lance-missiles TOW (4 missiles) | Combat antichar longue portée | 3 750 m |
| VB2L PC | Mitrailleuse 7,62 mm | Poste de commandement | - |
Le VBL a démontré sa polyvalence lors de toutes les opérations militaires françaises depuis les années 1990. En Bosnie, au Kosovo, au Liban avec la FINUL, en Afghanistan, en Côte d'Ivoire, au Tchad et plus récemment au Mali dans le cadre de l'opération Barkhane, ce véhicule blindé léger s'est imposé comme un outil indispensable pour les unités de reconnaissance.
Le 27 février 2013, un VBL français du régiment d'infanterie chars de marine (RICM) fut endommagé par un engin explosif lors des opérations dans l'Adrar des Ifoghas au Mali. Cet incident, ainsi que d'autres survenus entre 2020 et 2021, a souligné la nécessité de renforcer la protection des équipages face à l'évolution des menaces asymétriques.
Crédit photo : Rama - VB2L
Le VB2L (Véhicule Blindé Léger Long) constitue une évolution majeure du VBL standard. Avec ses flancs moins inclinés et son empattement allongé à 4,095 mètres, cette version offre un volume utile considérablement augmenté dans le compartiment arrière, permettant d'embarquer jusqu'à quatre membres d'équipage.
Principalement utilisé comme véhicule de commandement, le VB2L équipe les CDU (commandants d'unité) des unités d'infanterie et de CLB (compagnie de commandement et de logistique). Il sert également de véhicule aux commandants de groupement et aux chefs de pelotons d'éclairage régimentaires. Dans cette configuration, le compartiment arrière est équipé d'une table de travail repliable et de systèmes de communication avancés comprenant deux postes radio VHF et un poste HF/BLU.
Les équipages de VB2L bénéficient d'un espace de travail optimisé pour la planification tactique et la coordination des opérations. Cette capacité de poste de commandement mobile protégé est essentielle dans les engagements modernes où la liaison radio sécurisée et la capacité de commandement décentralisé font la différence sur le champ de bataille.
Face au vieillissement progressif de la flotte et à l'évolution des menaces, l'armée française a lancé en 2020 le programme de régénération VBL Ultima. Cette modernisation en profondeur vise à prolonger la durée de vie opérationnelle des VBL jusqu'en 2035, dans l'attente du déploiement de leur successeur, le VBAE (Véhicule Blindé d'Aide à l'Engagement).
Le VBL Ultima bénéficie de nombreuses améliorations significatives. Le moteur est remplacé par une nouvelle motorisation diesel moderne développant 130 chevaux, soit une augmentation de puissance de 50% par rapport à la version d'origine. Cette évolution se traduit par une mobilité tactique accrue, particulièrement appréciée lors des phases de déplacement rapide ou en terrain difficile.
En mai 2025, 349 VBL Ultima avaient été livrés sur les 610 commandés dans le cadre de la Loi de Programmation Militaire, avec un objectif de 800 véhicules régénérés à l'horizon 2030. La régénération est réalisée par Arquus sur ses sites de Saint-Nazaire et Marolles-en-Hurepoix, où deux lignes de production dédiées ont été mises en place.
Crédit photo : Selvejp - Poste de commande du VBL
Présenté en 2023 au salon IDEX, le VBL Mk3 représente la version la plus avancée du célèbre véhicule blindé léger. Cette variante destinée à l'exportation reprend les améliorations du VBL Ultima tout en intégrant de nouvelles capacités. Le Mk3 peut être équipé d'un tourelleau téléopéré Hornet Akeron qui combine une mitrailleuse et un lance-missile antichar Akeron MP de MBDA.
Cette configuration permet au VBL Mk3 d'effectuer des missions de reconnaissance en mouvement et de tirer depuis l'intérieur du véhicule, augmentant considérablement la protection de l'équipage. Le système de chargement automatique, la commande de tir électrique et la récupération des douilles optimisent l'efficacité opérationnelle de l'armement embarqué.
Le programme VBAE (Véhicule Blindé d'Aide à l'Engagement) s'inscrit dans la seconde phase du programme Scorpion. La Loi de Programmation Militaire 2024-2030 prévoit la livraison de 180 VBAE à l'horizon 2030, sur une cible totale de 1 400 exemplaires destinés à remplacer progressivement l'ensemble de la flotte VBL.
En décembre 2023, l'OCCAr (Organisation conjointe de coopération en matière d'armement) a signé un accord de coopération avec Arquus, KNDS France (Nexter) et John Cockerill Defense pour la préconception d'un candidat au programme VBAE. Cette collaboration européenne associe également la Belgique et potentiellement le Luxembourg, dans une logique d'interopérabilité et de mutualisation des coûts de développement.
Le développement a été officiellement approuvé en juillet 2024, marquant une étape décisive vers le renouvellement capacitaire des unités de reconnaissance de l'armée de Terre.
Au-delà de la France qui en a commandé plus de 1 600 exemplaires, le VBL a connu un succès remarquable à l'exportation. Quatorze pays ont acquis ce véhicule blindé léger, témoignant de ses qualités opérationnelles reconnues internationalement. Parmi les clients figurent notamment des nations africaines, le Mexique, ainsi que plusieurs pays du Moyen-Orient et d'Asie.
Ce "club VBL" international bénéficie du savoir-faire d'Arquus en matière de soutien dans la durée. Les lignes de production françaises peuvent accueillir des véhicules d'autres clients pour des opérations de modernisation au standard Ultima, permettant de prolonger la durée de vie opérationnelle de l'ensemble des flottes de VBL à travers le monde.
Dans la doctrine d'emploi de l'armée de Terre française, le VBL occupe une place centrale au sein des unités de cavalerie blindée. Véhicule d'éclairage des pelotons blindés, il précède les chars de combat principaux comme le Leclerc ou les nouveaux Jaguar du programme Scorpion. Sa mission consiste à reconnaître les axes de progression, identifier les positions ennemies et transmettre le renseignement tactique en temps réel.
Le VB2L, quant à lui, assure les fonctions de commandement mobile, permettant aux chefs d'unité de diriger les opérations tout en conservant la mobilité nécessaire au combat moderne. La capacité à communiquer de façon sécurisée avec l'ensemble des éléments subordonnés, les moyens d'appui et l'échelon supérieur fait du VB2L un maillon essentiel de la chaîne de commandement tactique.
L'évolution vers le système d'information du combat Scorpion (SICS) intègre progressivement les VBL et VB2L dans un réseau de combat numérisé. Cette "scorpionisation" permet le partage instantané de la situation tactique entre tous les véhicules du dispositif, améliorant considérablement la réactivité et l'efficacité des unités engagées.
La rusticité et la fiabilité du VBL constituent des atouts majeurs pour son emploi en opérations. Conçu dès l'origine pour faciliter la maintenance au plus près du terrain, le véhicule bénéficie d'une architecture mécanique accessible et de composants éprouvés. Le moteur Peugeot XD3T, dérivé de motorisations civiles, présente l'avantage d'une disponibilité des pièces de rechange et d'une documentation technique largement diffusée.
Le programme de régénération Ultima intègre également une dimension logistique importante. La modernisation des véhicules s'accompagne d'une mise à niveau des systèmes de diagnostic embarqués et d'une optimisation des procédures de maintenance préventive. Arquus assure le soutien technique de l'ensemble du parc VBL avec des équipes dédiées et des stocks de pièces dimensionnés pour garantir un taux de disponibilité opérationnelle élevé.

Crédit photo : Jastrow - Outils fixés sur un VBL
Plus de trois décennies d'emploi intensif en opérations extérieures ont permis d'accumuler un retour d'expérience considérable sur le VBL. Les équipages soulignent systématiquement les qualités de mobilité, de discrétion acoustique et de polyvalence du véhicule. Sa capacité amphibie s'est révélée précieuse lors de franchissements de cours d'eau en zone sahélienne ou dans les Balkans.
Les limites du véhicule sont également bien identifiées. La protection balistique, dimensionnée pour les menaces conventionnelles des années 1980, s'avère insuffisante face aux engins explosifs improvisés de forte puissance employés par les groupes armés terroristes. Les kits de surprotection développés en urgence augmentent la masse du véhicule et réduisent ses performances, illustrant le compromis permanent entre protection et mobilité.
L'espace intérieur restreint limite la durée des missions prolongées et contraint l'emport d'équipements supplémentaires. Les équipages ont développé des solutions pragmatiques d'organisation de l'habitacle et de stockage externe, optimisant chaque centimètre cube disponible pour transporter munitions, eau, rations et matériel de communication.
Au-delà des performances techniques, le VBL a forgé une identité forte au sein des unités de reconnaissance. L'équipage de trois hommes développe une cohésion particulière, fruit de la promiscuité de l'habitacle et de la confiance mutuelle indispensable aux missions de reconnaissance en zone hostile. Le pilote, le chef de bord et le tireur forment un triptyque dont la coordination parfaite conditionne la réussite de la mission.
Les formations dispensées aux jeunes équipages insistent sur la maîtrise technique du véhicule, la lecture du terrain, les techniques de camouflage et de déplacement discret, ainsi que les procédures de transmission radio. La qualification "VBL" représente une étape valorisée dans le parcours des cavaliers et fantassins affectés aux pelotons d'éclairage.
L'habillement professionnel contribue à l'efficacité opérationnelle. Des vestes tactiques bien conçues facilitent l'accès aux équipements vitaux, tandis que des pantalons de combat adaptés préservent la mobilité lors des phases de progression à pied. Les rangers haute qualité préviennent les blessures et la fatigue lors des missions de longue durée.
La modernisation continue du VBL intègre progressivement les technologies les plus récentes. Les tourelleaux téléopérés permettent désormais au tireur de rester protégé à l'intérieur du véhicule tout en conservant une capacité de tir efficace. Les systèmes de vision nocturne et d'imagerie thermique de dernière génération équipent les versions modernisées, conférant une capacité d'observation et d'engagement 24h/24.
L'installation de systèmes de contre-mesures électroniques et de brouilleurs protège le véhicule contre les engins explosifs déclenchés à distance. Les antennes de communication bénéficient de technologies de cryptage avancées garantissant la confidentialité des échanges tactiques. L'intégration du GPS militaire et de terminaux de données tactiques facilite la navigation et le partage de l'information opérationnelle.
Le programme Scorpion vise à interconnecter l'ensemble des plateformes du champ de bataille, du fantassin au char en passant par le VBL. Cette numérisation du combat terrestre transforme profondément les modes d'action, permettant une coordination sans précédent entre les différentes composantes de la force.

Crédit photo : Jastrow - Intérieur d'un VBL
Gilet reporter multipoches noir